Pour Claire Fumard
Il y avait trop de mouvement devant ce bel accrochage pour pouvoir parler de ton travail… et puis, il me fallait du temps pour laisser émerger le roman que je crois déceler dans ton œuvre, dans ta démarche.
Je les avais connus prisonniers au cachot, nus, puissants, irradiant l’humanité que tu leur avais donnée… leur présence s’était alors imprimée en moi au plus profond de ma mémoire de peintre. Tu étais présente au Jardin Médiéval ce jour là et nous avions échangé quelques mots.
Puis je les ai retrouvés libérés, ou mieux évadés debout imposants sur de fragiles barques cherchant leur chemin sur un lac incertain, embrumé.
Ils ont enfin accosté l’autre soir sur un rivage aride, peut-être clôturé, endroit où ils étaient confrontés pour la première fois à la lumière crue d’un soleil au zénith, pour la première fois ils devenaient précis, pour la première fois ils paraissaient morcelés et fragiles… plus tard le sachant ils se sont réfugiés dans une cité aux ombres’’ intranquilles’’ où ils purent reprendre leur intégrité, leur volume.
Dans le clair obscur d’un espace urbain ils prirent à raison, les chemins de la solitude.
Ton travail agite en moi des pensées que je croyais enfouies, disparues peut-être même éteintes au fond des grands silos de nos réserves poétiques et qui revenant ainsi me soufflent de nouveaux courages. Merci